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L'affiche
 
Cornouaille

De ANNE LE NY
Date de sortie : 15 aout 2012
Long-métrage français. Genre : Comédie dramatique  
Box Office > 250 000 entrées
Année de production : 2011 - Tournage à partir de Juin 2011   

Le personnage de Vanessa se prénomme : Odile
Lieu de tournage en Bretagne : Audierne - Gare de Quimper...
Avec Samuel Le Bihan...

Synopsis : Odile, 35 ans, mène une existence indépendante et bien organisée qui laisse peu de place au hasard. Ayant hérité de la maison de sa tante, au bord de l'océan, la jeune femme entreprend un voyage en Bretagne. Est-ce la maison qui est hantée, la mémoire d'Odile qui, en se réveillant, lui joue des tours ou Loïc, son prétendu "ami d'enfance retrouvé", qui l'entraîne vers d'étranges chemins ? Toujours est-il que dans cette Cornouaille mystérieuse et battue par les vents, rien ne se passe comme Odile l'attendait.

 


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Sorti du DVD
  
Les critiques du film dans la presse


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Le tournage
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Interview de la Réalisatrice...

L'endroit où se déroule cette histoire peut se localiser sur une carte de Bretagne, du Finistère sud ou du Cap Sizun. Voilà pour la dénomination géographique et administrative. Mais il y a aussi un autre nom. Un nom qui, lui, parle de vent, de brume et du fracas des vagues. C'est la CORNOUAILLE. Et c'est la part rêvée de ce pays.

ENTRETIEN ANNE LE NY

« Cornouaille » est une lettre d’amour à la Bretagne.

Oui. J’avais très envie de parler de ce pays dont ma famille est originaire et pour lequel j’éprouve un attachement très fort, sans y voir jamais vécu. Je suis une immigrée de la deuxième génération: la bonne bretonne qu’on remplace par une Espagnole, au début des « Femmes du 6e étage », de Philippe Le Guay c'est ma grand-mère et toutes mes grandes-tantes !

La Bretagne que vous décrivez est très loin des cartes postales qu’on nous montre habituellement.

J’ai tourné le film dans un rayon de 10 kilomètres autour de la maison de vacances familiale ; un endroit, près d’Audierne, très beau mais assez isolé. Petite fille, je me suis racontée des tas d'histoires en me promenant seule sur la grève. Ma Cornouaille est donc à la fois un lieu familier et un peu rêvé, et c'est ce qui a donné le ton du film: il y a à la fois une réalité très contemporaine avec des personnages secondaires ancrés dans le social (l'agent immobilier, le brocanteur, la voisine) et les fantômes qui reviennent… Dans cette partie de la Bretagne, il ne pousse pas d’arbres en bord de mer parce qu’il y a trop de vent. C’est une région où la nature et les éléments sont si forts qu’on ne peut pas imaginer pouvoir jamais les apprivoiser. Au contraire de la ville - ou de certaines campagnes plus clémentes- on y est constamment confronté au fait que l'humain n'est pas au centre du monde, que la nature est écrasante, l'océan souvent hostile (beaucoup de gens sont morts noyés sur cette côte). Cela conditionne un rapport particulier au monde et c'est sans doute pour cela que les Celtes entretiennent une relation étroite avec la mort, très différente du tragique des Méditerranéens. En écrivant le scénario, je me suis beaucoup inspirée de « la Légende de la mort chez les Bretons armoricains », d’Anatole Le Braz, un livre écrit dans l’entre-deux guerres, à partir des traditions orales.

Dans « Cornouaille », comme dans « Ceux qui restent » et « les Invités de mon père », vos deux premiers films à la réalisation, la mort est omniprésente ; pas nécessairement pesante et même parfois presque joyeuse.

J’aurais mauvaise grâce à dire que le thème ne m’intéresse pas. Je ne comprends pas que nos sociétés l’évacuent à ce point. La mort nous atteint forcément un jour. Peut-être est-ce chez moi une façon de l’apprivoiser ? Comme le dit Loïc à Odile : "C'est difficile d'avoir de bonnes relations avec les vivants si on ne sait pas vivre avec ses morts" Et c’est ce qu’apprend Odile.

Vous avez une façon très particulière et très naturelle de les mettre en scène. Dans le film, les disparus s’invitent de la façon la plus inattendue, presque naturellement.

Toujours l'influence celtique et Anatole Le Braz. Je voulais que ce soit discret, qu’on perçoive juste un léger changement d’ambiance au son – et non à l’image- lorsqu’ils apparaissent. Parce que le son imprègne et qu'on n'est pas analytique avec l'oreille : ainsi, on a glissé dans une autre dimension avant même de s’en être rendu compte.

Odile, votre héroïne, qu’interprète Vanessa Paradis, est parisienne, et se rend en Bretagne dans l’unique but de vendre la maison de sa tante dont elle a hérité. C’est un personnage assez dur.

Odile a été confrontée très jeune à une terrible épreuve en perdant son père et a complètement occulté son chagrin. Elle s’est, en quelque sorte, coupée de ses émotions et de ses sentiments. En retournant en Bretagne, elle va réinvestir le territoire de son enfance. Il y avait un petit côté « Alice au pays des merveilles » à la plonger ainsi dans cet univers. Du reste, lorsqu’elle arrive à la gare et qu’elle rencontre le notaire, joué par Laurent Stocker, c’est un peu comme si elle passait de l’autre côté du miroir: la réalité commence imperceptiblement à se décaler. Quand on a tourné la scène, j’ai d'ailleurs dit à Laurent : « En fait, ton personnage c'est l'équivalent du lapin blanc d’Alice. »

Parlez-nous de la maison, l’autre actrice du film ?

J’adore cette maison. Lorsqu’on la regarde de près, c’est une bicoque bretonne très classique avec son petit palmier et son charmant jardin. Et puis, si l’on s’éloigne un peu, on réalise qu'elle est dominée par ce groupe d’arbres tourmentés, complètement tordus par le vent, qui la rend très inquiétante. Suivant le côté où on se tient, on n’a jamais la même vue sur la mer. La maison est complètement protéiforme, ce qui correspondait parfaitement à l'histoire.

C’est le lieu du chagrin et c’est aussi celui de tous les possibles. En s’acharnant à la vider, Odile finit par véritablement l’investir et se remplit elle-même.

C’est un lieu mouvant qui devient positif ou négatif selon la perspective. Tout à coup, les cousins d’Odile arrivent, et cet endroit qui symbolisait la mort du père devient synonyme de maison du bonheur. En l’imaginant, je pensais à « la Vie mode d’emploi », de Georges Perec qui décrit, de manière parfois fois clinique et parfois très romanesque, la vie d'un immeuble et de ses habitants. Je souhaitais que ma maison fonctionne comme une sorte de jeu de l’oie, qu’on passe dans toutes les pièces, de la cave au grenier, et que chacune nous raconte une histoire, une ambiance différente.

A chaque fois, on repasse par le bureau qui est le lieu où le père d’Odile est mort.

Le bureau, c’est le cœur noir de la maison, celui du trauma originel et il va évoluer parallèlement à Odile. Il est d'abord rempli de meubles, puis il se vide peu à peu. On imagine à un moment qu’il puisse devenir une chambre pour l’enfant à venir. Plus tard, il évoque une prison, une cellule psychiatrique. Et à la fin, quand la fenêtre s'ouvre sur l'appel rêvé de Loïc, c'est comme un lieu de passage vers une nouvelle vie…

Odile, l’héroïne, tout comme les autres personnages du film, n’est pas un être totalement aimable. C’est une autre constante de vos films.

Je ne crois pas aux personnages totalement positifs ou négatifs. Sur « les Invités de mon père », ça ne m’aurait pas intéressée, par exemple, que les personnages qui dénoncent la jeune femme moldave soient des salauds. Mais non, ce sont des gens bien qui font une chose terrible, et c’est cela qui est passionnant.

Vous êtes consciente de ce côté un peu provocateur chez vous ?

J'essaie avant tout d'être aussi honnête que possible avec moi-même, sans enjolivure, ni complaisance. La provocation n'est pas mon but premier: c'est juste pas de chance pour moi que ce souci d'honnêteté, à priori louable, vous en conviendrez, m'amène à dévoiler mon mauvais fond…

Il n’y a jamais de rédemption dans vos films.

Je hais la rédemption. Dans beaucoup de films, c'est devenu une espèce tarte à la crème dégoulinante de bons sentiments qui évite de s'interroger vraiment sur la nature humaine. Si la rédemption existait, on serait tous sages et vertueux à partir de 50 ans. Or, voyons la vérité en face : les trois quarts des malheurs du monde sont déclenchées par des sexagénaires avides de pouvoir et d'argent. Ça ne veut pas dire que je ne crois pas au progrès ni au bénéfice d’un travail sur soi. Je pense qu’on peut évoluer et apprendre des choses mais, fondamentalement, on ne change pas beaucoup: même si on arrive à les contenir un temps, nos vieux démons ressortent toujours.

Au fond, on peut penser que le futur d’Odile ne sera pas forcément heureux.

Elle souffrira sans doute davantage, mais parce qu’elle sera plus vivante. C'est le lot commun et il est finalement très supportable.

Les enfants du film- le personnage d’Erwan, notamment- sont formidables.

J’aimais l’idée d’un petit gothique très gentil, très bien élevé et très serviable. Cela me permettait d’entraîner Odile vers ses morts tomber dans le morbide. Quand elle lui demande : « Il n’existerait pas une légende locale qui ne parle pas de la mort ? », et qu’il lui répond : « Non ». C’est comme une fierté pour lui !

Dans vos films, on a le sentiment que chaque personnage est nourri d’une multitude de choses.

Je procède par couches. J’aime filer le motif, reprendre un élément ou un trait de caractère, changer son sens, le faire circuler. C’est le notaire qu’on découvre au début avec sa cravate et qu’on revoit à la fin en combinaison de plongée ; le foulard qu’Odile trouve dans l’armoire de sa tante, qu’elle passe à son cou et qui finit en voile de bateau pour la proëlla. Alors que les personnages évoluent, les objets qui les entourent prennent aussi une autre signification.

Le casting de « Cornouaille » est formidable.

Presque tous les seconds rôles sont des acteurs de théâtre: c’est mon terreau de départ, là où j’ai démarré. Thomas Blanchard, Catherine Vinatier, Luc-Antoine Diqueiro, Laurent Stocker sont des gens que j’aime beaucoup parce qu’ils apportent une autre forme de jeu, pas uniquement basée sur le naturalisme, ce que je trouve très stimulant. Et il y a évidemment le magnifique trio que forment Vanessa Paradis, Samuel Le Bihan et Jonathan Zaccaï.

On n’attend pas forcément Vanessa Paradis dans le rôle d’Odile.

J'ai un peu hésité avant de la rencontrer. Son côté icône, sans doute, qui est très éloigné du cinéma que je fais. Et puis nous nous sommes vues et presque immédiatement, j'ai été convaincue. Plus je lui parlais travail, exigence, concentration, plus je la voyais s’éclairer. J’ai senti qu’on pouvait avoir quelque chose en commun dans notre façon d’aborder le film. Je suis allée la voir sur scène : elle a une façon incroyable de tenir une salle. Vanessa, c’est un mélange d’émotion, de mystère, de douceur et de mélancolie et, en même temps, il y a chez elle quelque chose d’indestructible, une puissance qui est vraiment unique.

Et Samuel Le Bihan ?

Contrairement à l’Angleterre, où les acteurs sont souvent d’origine prolétaire, les comédiens français viennent plutôt d’un milieu petit-bourgeois. Samuel est breton, son père était marin-pêcheur, il sait de quoi il parle en jouant Loïc. Il apporte une grande vérité sociale au personnage, mais surtout, sa très belle sensibilité.

On dit que vous êtes très exigeante sur un plateau.

Dieu est dans les détails. J’y crois absolument. C’est plus facile de changer tout au dernier moment sur une séquence qui a été déjà été retravaillée dix fois.

Le tournage de ce film apportait une difficulté supplémentaire : la lumière si changeante en Bretagne.

La phrase que j’ai prononcée le plus souvent sur le tournage, c’est : « Je sens que ça se lève, ça va se lever ! » Et comme je travaille avec une équipe de gens très, très gentils, ils faisaient même souvent semblant de me croire… Plus concrètement, nous disposions de la maison pour deux mois –alors qu'un mois de tournage était prévu en extérieur sur d'autres décors. En cas de mauvais temps, on pouvait se rabattre sur les intérieurs dans la maison. Il a fallu s’adapter. La scène avec les parents à la baie des Trépassés, par exemple, devait se passer en extérieur. Au début, il y avait trop de luminosité; le temps qu'on installe des parasols, le vent s'est levé et a menacé de les arracher, le temps qu'on les enlève, il s’était mis à pleuvoir… Comme ça toute la journée, on devenait fous ! On a fini par la tourner en intérieur, dans le café, avec 3 heures de retard sur l'horaire prévu. Et finalement, je l'aime beaucoup comme ça, avec la sublime vue de la baie derrière la vitre, comme dans un aquarium. Pour quelqu'un qui prépare autant que moi, ça peut paraître bizarre, mais, souvent, j'aime bien que ça ne se passe pas comme j'avais prévu…

Mais comment composer avec les fulgurances des ciels bretons ?

J’avais choisi de faire beaucoup de plans-séquences en extérieurs pour pouvoir accueillir les fausses teintes. Comme ces paysages de Cornouaille sont vraiment magnifiques, je trouve ça très beau de voir le soleil se voiler, le nuage avancer et se retirer pendant la même prise. Enfin, quand on n'a pas le souci du raccord, bien sûr…

Vous faites une toute petite apparition dans le film…

Autant je suis très exigeante avec mes acteurs, autant quand c’est moi, je bâcle un peu, alors j'ai tendance à m'écrire des rôles de plus en plus courts. La vérité, c'est que j’adore jouer, mais pas tellement dans mes films…





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